Noémie Schoebel travaille dans la fonction publique hospitalière et est mentor à La Cordée. Cette fonctionnaire engagée accompagne des bénéficiaires de La Cordée avec la conviction qu’ils peuvent réussir dans la fonction publique même s’ils n’avaient pas à priori le profil. Elle nous partage ce qui l’anime et le chemin qu’elle a parcouru jusqu’à son poste actuel.
“J’ai toujours voulu être prof d’EPS”. Dès son enfance, le chemin semblait tout tracé pour Noémie Schoebel, actuelle DRH du GHU Paris Psychiatrie & Neurosciences. Dans sa famille on est tous prof d’EPS et sportifs, et certains de haut niveau. A commencer par son père, Jean-Pierre Schoebel, décathlonien qui a concouru aux JO de Munich et qui est professeur d’EPS comme sa mère, également athlète. Son petit frère est, lui aussi, sportif de haut niveau en volley-ball et son grand frère a fait une faculté de sport. “Nous avons grandi dans les stades d’athlétisme. Nos parents s’entrainaient beaucoup et donc nous trimballaient, mes frères, ma sœur et moi, avec eux”, se souvient encore avec émotion, Noémie Schoebel qui vivait à l’époque dans la région niçoise.
Trouver sa voie
Après un bac éco, elle intègre donc une filière Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives) pour devenir à son tour prof d’EPS mais contre toute attente, c’est la désillusion. “La réalité du terrain a été brutale. J’ai réalisé mon premier stage en niveau licence 3 en tant que professeur de sport dans un lycée à Vaulx-en-Velin et j’ai compris dès le premier jour que ce n’était pas un métier pour moi. Alors que les cours théoriques me plaisaient énormément, notamment la partie scientifique, je me suis rendue compte que les collègues considéraient les cours d’EPS comme un grand défouloir pour ados”.
Il faut alors trouver un “plan B” comme le raconte Noémie Schoebel. Elle s’inscrit dans un M2 Sciences humaines et entame un projet de thèse sur la thématique des politiques sportives en faveur des femmes. Mais la réalité refait surface. “Je me rends compte que c’est un sujet passionnant mais qu’il y aura peu de débouchés. J’ai 22 ans et il faut pourtant que je trouve du boulot. J’entame des recherches et je découvre qu’il existe des opportunités dans la fonction publique notamment en passant les concours des IRA. Je comprends alors que je mettrais toutes les chances de mon côté pour réussir en intégrant une filière type Science-Po. Dommage car avec mon bac mention très bien j’aurais pu directement y être admise sans passer par les concours”.
“DH, un métier de service public”
Loin de se décourager, Noémie Schoebel postule et intègre une licence d’administration publique à Science-Po Lyon. Surprise d’y être admise, elle sent enfin qu’elle a trouvé sa voie. Elle découvre la diversité des métiers de la fonction publique et différents concours. Ce qui l’a pousse à intégrer une Prépa Concours de la haute fonction publique, celle réputée de l’université Paris-Sorbonne/ENS où elle est aussi admise. “Et là c’est le choc. Je me retrouve avec des étudiants, issus pour la grande majorité de familles CSP+ avec des parents ministres ou magistrats, qui ont fait Sciences-Po Paris ou qui sont issus de Masters de Droit. Moi qui ai grandi dans les stades, je sens tout de suite le décalage, je vois que j’ai beaucoup de lacunes en culture générale, en droit public et surtout que je n’ai pas leurs codes. Je comprends vite que l’année va être très difficile. J’ai vraiment dû travailler beaucoup, peut-être plus qu’eux”, se remémore la DRH.
ENA, INET, Sénat, IRA, etc. Noémie Schoebel enchaîne les concours comme une course de fond. Elle réussit les IRA mais découvre le concours de Directeur d’hôpital (DH) pendant son année de Prépa. Pari risqué, elle décide de redoubler sa scolarité pour préparer ce nouveau concours… qu’elle réussit et intègre l’École des hautes études en santé publique (EHESP) à Rennes pour sa formation. Son premier jour de poste ? : “J’ai adoré. Tout m’a plu. Les collègues, les projets! Mes parents étaient fiers de moi. DH c’est pour moi un métier de service public avec du sens, des responsabilités et proche du terrain, raconte-t-elle. Quand je suis arrivée sur mon poste actuel, j’ai piloté la fusion de plusieurs établissements de santé afin de mutualiser les fonctions support. Aujourd’hui je gère 5000 professionnels répartis sur 180 sites à Paris.”
“Je ne cache plus mon parcours différencié”
Installée professionnellement, elle donne de son temps pour les autres. Elle intègre l’Association pour le développement des ressources humaines dans les établissements sanitaires et sociaux (l’ADRHESS). “Il y a dix ans, nous avons mis en place du mentorat. À l’époque de jeunes DRH étaient accompagnés par des DRH seniors pour leur prise de poste. Je me suis portée volontaire et il se trouve que j’ai mentoré une certaine…Mélissa Ramos [ndlr : la cofondatrice de l’association La Cordée avec Damien Zaversnik en 2016].” Et c’est bien sûr via sa mentorée qu’elle découvre l’association en faveur de l’égalité des chances et s’y inscrit comme mentor. Voilà maintenant trois ans qu’elle accomplit cette mission bénévole, aux côtés d’étudiants inscrits en Prépa Talents, avec toujours le même enthousiasme. Son leitmotiv : accompagner et transmettre. “Je me reconnais dans ces étudiants aux parcours diversifiés qui ne sont pas tous dans le même moule. Aujourd’hui je ne cache plus moi-même mon parcours différencié et j’ai eu aussi beaucoup de moments de doute pendant ma Prépa. J’aurais aimé que quelqu’un de différent me dise ‘Vas-y, accroche toi, une voie est possible et on va la trouver ensemble !’.”
Aujourd’hui, elle accompagne des bénéficiaires de La Cordée “sur le chemin de la réussite” et c’est une grande satisfaction pour elle tant au niveau personnel que professionnel. “Le mentorat me permet de me questionner sur ma pratique et notamment en matière de recrutement. Je découvre des parcours différents qu’on aurait pas forcément embauchés et c’est valorisant pour le service public de savoir qu’il y a des profils divers et motivés prêts à intégrer la fonction publique.” Elle compte donc bien rempiler pour une quatrième année de mentorat à La Cordée avec la conviction qu’à son niveau elle peut être utile. “Mon meilleur souvenir en tant que mentor c’est lorsque mon mentoré m’appelle pour me dire qu’il a réussi son concours. C’est une vie professionnelle qui se trace et c’est génial d’avoir pu y contribuer.”