Nathalie Boyer est agent public à la ville de Marseille depuis plus de 20 ans. Elle a occupé différents emplois qui lui ont permis de s’épanouir professionnellement. Et c’est notamment cet attachement au service public qu’elle a voulu transmettre via le mentorat proposé à La Cordée. Elle nous raconte son parcours et sa première expérience en la matière.
“Je suis rentrée dans la fonction publique par hasard”. Nathalie Boyer, 61 ans, cheffe de projets au Pôle Grands Evénements et à la Division Impacts et Engagements à la ville de Marseille le dit tout de go. Elle est tombée dans la marmite mais ne s’y était pas projetée professionnellement. La sexagénaire, qui qualifie son parcours d’“atypique” a grandi, loin du soleil, à Paris. Avec sa mère et ses sœurs, elle habite jusqu’à l’âge de 10 ans dans des logements de fonction de l’hôpital psychiatrique en Province puis arrive à Paris. “Nous avions peu d’argent avant que ma mère ne devienne médecin et elle nous a élevé avec l’idée qu’une femme pouvait toujours s’en sortir seule même avec des enfants. Elle a toujours aidé les autres dans son métier et avait un grand sens du service public à qui on doit beaucoup de nous avoir logé, nourri, blanchi pendant ces années”, n’oubliera jamais Nathalie Boyer.
Un peu perdue et sans savoir vers quelle filière s’orienter au lycée, elle décide d’arrêter ses études en classe de première. “J’ai fait des petits boulots pendant deux ans et j’ai compris que c’était difficile de travailler sans diplôme. J’ai finalement passé mon bac en cours du soir à Paris et j’ai intégré la Sorbonne pour préparer un diplôme de linguistique. Cela m’a amené ensuite à faire une formation en micro-informatique et j’ai trouvé un poste dans l’informatique à la sortie”, se souvient-t-elle. À 26 ans, elle commence un nouveau travail à temps plein dans le célèbre cabinet de conseils Capgemini au CNIT à La Défense. “A l’époque c’était le plein emploi et l’informatique était quelque chose de naissant. On travaillait avec des ordinateurs qui avaient de grosses tours, c’étaient les débuts. Mais je faisais de gros horaires et il y avait une pression du chiffre. Je n’ai pas pu supporter le rythme sur le long terme”. Avec son mari qu’elle rencontre dans le cadre de son travail, ils prennent une décision après six ans de bons et loyaux services : quitter Paris pour élever leurs futurs enfants dans un environnement plus sain, proche de la nature et de la mer.
Accompagner les publics fragilisés
C’est ainsi qu’ils posent leurs valises en 1992 dans la cité phocéenne, ville cosmopolite et dynamique, qu’ils n’ont plus jamais quittée. Alors que son mari ouvre sa société de vente d’équipements, destinés à la police nationale et les douanes, Nathalie Boyer cherche du travail. Elle s’engage dans une association d’alphabétisation des femmes pour y donner des cours et commence par y faire des petits contrats rémunérés. Mais la structure semi-publique finit par fermer et la jeune femme se voit proposer un poste d’attachée territoriale à la mairie de Marseille. “On m’a débauchée pour créer un service du droit des femmes au sein de la municipalité. J’ai structuré le service, recruté des salariés, notamment une psychologue et deux juristes. Nous avons monté beaucoup de projets jusqu’à ce que je sois nommée responsable adjointe du service en charge également des partenariats et événements”, se souvient très enthousiaste Nathalie Boyer. Son périmètre d’action s’étend peu à peu au domaine de la “Famille” et elle s’empare des sujets de médiation familiale et de la parentalité. Sa carrière se poursuit sous le mandat du maire Jean-Claude Gaudin et elle évolue vers un poste à la mairie dans le domaine du handicap. “J’ai souvent pensé à exercer le métier d’orthophoniste et mon fils est en situation de handicap. Je me sens donc concernée par le sujet et j’ai envie de faire avancer le sujet dans la ville, explique-t-elle. À l’époque nous avions monté un projet très novateur à destination des adolescents autistes, avec des coachs dédiés, pour les accompagner dans leur orientation et recherche d’emploi.”
Quelques années plus tard, elle prend un poste dans un service insertion et emploi, toujours avec son public de cœur : les femmes, les jeunes en recherche d’emploi, etc. “Je me retrouve dans les métiers du social et j’aime accompagner les publics fragilisés. De mes années dans le privé, je garde mes compétences que j’ai transféré dans la fonction publique : avoir de la pugnacité, savoir gérer les conflits, travailler sous tension, etc”.
« Transmettre le sens du service public »
Depuis 2020, elle occupe désormais un poste en lien avec les grands évènements de la ville Marseille (elle a travaillé sur le volet social des Jeux Olympiques) et est mentor à La Cordée. “J’ai connu le programme de La Cordée par la communication interne de la ville de Marseille qui a fait un appel au mentorat. J’ai voulu m’ inscrire au programme Ambition Service Public qui présentait pendant 6 mois le service public territorial que je connais bien et où j’ai connu beaucoup de métiers, se remémore Nathalie Boyer. J’aurais moi-même aimé être mentorée cela m’aurait servi à gagner du temps dans mes choix dans le service public.”
Pendant 6 mois, elle prend donc sa mentorée sous son aile et lui fait notamment rencontrer des collègues qui exercent des métiers divers. “J’ai notamment pu montrer à ma mentorée que ses études de droit pouvaient la mener à un poste de juriste en collectivité mais pas uniquement Même les juristes ne restent pas juriste toute leur vie, s’amuse Nathalie Boyer. J’avais aussi envie de transmettre le sens du service public, de casser l’image ‘rébarbative’ de la fonction publique. En somme de dire qu’on pouvait vraiment s’y épanouir professionnellement.” Une ouverture pour sa mentorée, qui vient des quartiers difficiles de Marseille, à des agents publics qu’elle n’aurait probablement pas rencontrés sans le mentorat. “Je pense qu’elle a beaucoup cheminé dans son orientation. Nos échanges l’ont aidé à se projeter professionnellement et j’ ai pu lui transmettre certaines valeurs du Service public et c’est ça l’important pour moi », conclut Nathalie Boyer.