La Cordée a organisé un débat qui a réuni étudiants et personnalités. L’occasion d’échanger et de confronter des points de vue pour réconcilier jeunesse et fonction publique.
Le 6 mai dernier, La Cordée a organisé une soirée débat au Sénat autour des relations entre les jeunes et la fonction publique. Un événement auquel étaient présents deux cent bénéficiaires, adhérents et partenaires des programmes de l’association et des invités de marque. Claire Landais, Secrétaire Générale du gouvernement, Martin Hirsch, Président de l’Institut de l’Engagement, Claire Hédon, la Défenseure des droits ainsi que Isabelle Braun-Lemaire, Déléguée interministérielle à l’encadrement supérieur de l’Etat et Audrey Linkenheld, Sénatrice du Nord, ont honoré l’assemblée de leur présence. Et ils se sont même prêtés au jeu des questions réponses avec quelques jeunes bénéficiaires présents. “Sur le terrain nous voyons chaque jour les espoirs et les doutes des jeunes envers la fonction publique. Nous voulions que leur point de vue soit écouté et débattu avec des personnalités qui connaissent de l’intérieur le fonctionnement des services publics. On parle souvent d’attractivité et de diversité sans jamais donner la parole aux premiers concernés, cet événement visait à remettre les choses dans le bon sens”, explique Damien Zaversnik, le co-président de La Cordée à propos de l’organisation du débat.
Donner la parole aux jeunes
Malak El Ghazzali-Ait Itto, 20 ans, étudiante en L2 de droit à la faculté de Strasbourg, n’a pas hésité, par exemple, à interpeller les personnalités présentes pour lui faire part de son constat : les jeunes des petites villes de province ne sont pas assez orientés vers la fonction publique. “Quand on est en situation de précarité et dans de petites villes de province, les chances de faire des études longues et in fine d’accéder à des postes de cadres dans la fonction publique sont minces. Je viens d’une petite ville en Alsace et les professeurs ne nous dirigeaient que très rarement vers les Universités ou les grandes prépas”, déplore Malak El Ghazzali-Ait Itto qui ambitionne une carrière dans la fonction publique pénitentiaire. Adam Cogan, un élève à l’INSP, a lui aussi relevé le fait que les étudiants en France n’étaient pas informés des carrières existantes dans la fonction publique et des possibilités de carrières. D’autres encore, ont pointé le fait que les services publics étaient trop éloignés du quotidien des citoyens.
Camille Ricordel, 22 ans, titulaire d’un Master 2 en Droit international et étudiante à l’INALCO en spécialité monde arabe, abonde dans ce sens. La jeune femme venue assister à la soirée s’est identifiée aux étudiants qui ont posé des questions sur l’estrade. “Je trouve que c’est bien de donner la parole aux jeunes. Le micro-trottoir qui a été projeté au début de la soirée a d’ailleurs montré qu’il y avait un décalage entre ce qu’ils projettent et la réalité du terrain dans la fonction publique, détaille-t-elle. D’ailleurs quelques jours auparavant, un article du Monde relatait le fait que de la fonction publique territoriale (et notamment le concours de l’INET) suscitait l’intérêt croissant des surdiplômés car ils y voyaient une possibilité de s’investir concrètement dans le service public de proximité.”
“La fonction publique est riche”
En somme, l’événement a permis d’identifier de manière très concrète ce qui pouvait intéresser mais aussi freiner l’accès des jeunes, en particulier ceux qui n’ont pas les codes ou les ressources de part leur origine sociale, à la fonction publique. Et à travers cette soirée, La Cordée a ouvert un cycle de contribution à la future réforme de la fonction publique. A cet effet, l’association, en collaboration avec Profil Public, a rédigé un Manifeste, une liste de 20 propositions pour repenser les concours de la fonction publique. Avec en point de mire, l’espoir de résoudre une réelle problématique : en l’espace de 20 ans, le nombre de candidats aux concours de la fonction publique a été divisé par trois. “La fonction publique est riche et l’idée que l’on y rentre pour faire le même métier toute sa vie est fausse. Bien au contraire, les missions y sont très variées et l’on peut y faire carrière en accédant à différents métiers. Il est d’ailleurs nécessaire de continuer de développer les différentes passerelles entre les différentes fonctions publiques, d’Etat, territoriale et hospitalière”, conclut Rebecca Deprez, la co-présidente de La Cordée.
